CANILUDIC

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Le BAR à CHIEN j'adore ♥

http://lebarachien.blogspot.fr/

 

J'adore ce Blog fait par une autre Lolo ♥

et particulièrement cet article

 

 
J’ai fait des stages, j’ai fréquenté plusieurs terrains d’éducation, des éleveurs, des particuliers, des dresseurs, des éducateurs, des compétiteurs, des maîtres-chiens de l’armée et de la police, des comportementalistes. J’ai beaucoup lu, beaucoup observé, beaucoup écouté et beaucoup appris. J’ai pratiqué (et je n’en suis pas fière) les méthodes les plus coercitives sur les conseils de professionnels du chien expérimentés. Puis j’ai rencontré un homme qui m’a appris l’échange, la patience et la communication. Personnage contesté malgré ses titres de noblesse dans différentes disciplines canines (dont un titre de Champion du Monde), exerçant aujourd’hui sa passion des chiens loin des rings et des médias, son humilité face à l’animal m’a enseigné bien plus que toutes les théories « cynocratiques » du Milieu...

Pourtant, comme le disait Jean Gabin, aujourd’hui je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien.

Le terme de Milieu, en référence à la Mafia et ses parrains, peut sembler excessif. A mon sens, il ne l’est pas. Le monde du chien est divisé en communautés – je serais tentée d’écrire en « clans », voire en « gangs » - dont l’élitisme n’a souvent rien à envier aux monarchistes bourbonnais les plus radicaux. Les ringueurs s’opposent aux agilitistes, les éleveurs professionnels aux amateurs, les éducateurs de métier aux bénévoles, les comportementalistes aux dresseurs, les vétérinaires aux phytothérapeutes, les « croquettistes » aux « barfers », les propriétaires de « sans papiers » aux propriétaires de chiens de race, les producteurs de chiens aux associations de protection animale etc.

Certes, en tant qu’animal social, l’être humain a besoin d’évoluer au sein d’un groupe, groupe auquel son appartenance l’aidera à affirmer sa propre identité. Nous avons donc naturellement tendance à compartimenter notre univers en différentes sphères : communauté professionnelle, communauté familiale, communauté identitaire. Cela doit-il pour autant nous conduire à exclure systématiquement de ces sphères tout individu qui ferait acte de candidature ? Toujours de mon point de vue, évidemment non (le chien ne le fait d’ailleurs pas, prenons exemple sur lui). Il est dommage (et dommageable) que la transmission d’informations et de pratiques se fasse souvent en vase clos. Pour quelles raisons ne pourrions-nous pas apprendre les uns des autres ? Pour quelles raisons ne pourrions-nous pas admettre nos erreurs et changer d’avis, de regard, de savoir-faire (ou de savoir-mal faire !) ? Avons-nous si peur de confronter nos propres vérités à celles des autres pour refuser de frotter notre cervelle à la leur avec autant d’obstination ? J’ai pratiqué la discipline obéissance pendant huit ans (jusqu'à la mise en retraite de mon équipier canin) : suis-je une référence ? Non ! J’ai eu de très bons comme de très mauvais résultats, je suis loin de maîtriser toutes les subtilités d’une discipline en constante évolution et je continue, aujourd’hui encore, à étudier des vidéos, à discuter avec des participants et des entraîneurs, à me creuser la cervelle lors des séances de travail de l’équipe. J’ai participé à une finale de mondioring : puis-je me vanter d’être au-dessus du lot ? Non ! C’est mon chien, ses entraîneurs, les hommes-assistants du club qui ont fait le plus gros du travail… quant à moi, j’ai conduit sur UNE finale et nous avons fini bons derniers… Je suis propriétaire d’un berger belge malinois et d’un chien-loup de Saarloos : suis-je une spécialiste de ces deux races ? Non ! Je connais mes chiens… et encore, ils m’en apprennent tous les jours ! Chaque individu, même au sein d’une même espèce et d’une même race, a son individualité, son tempérament, son histoire, son appréhension du monde environnant.

Règle numéro 1 en matière de communication humain-animal : ne jamais partir du principe « qu’on sait ». Parce que non, « on » ne sait pas. « On » a des connaissances, une expérience, un « feeling » parfois, mais « on ne sait pas ». Travailler sur et avec du vivant implique une capacité d’adaptation et de remise en question permanente. Ce qui fonctionne avec Rex ne fonctionnera pas forcément avec Lucky. Et ceux qui prétendent détenir LA méthode universelle efficace à 100% sont des imbéciles auto-suffisants (excusez la redondance), l’autosuffisance étant sans nul doute la gangrène de l’esprit et le puits dans lequel se noie toute forme d’intelligence (cf. René Descartes : « L’intelligence, c’est la chose la mieux répartie chez les hommes parce que, quoi qu’il en soit pourvu, il a toujours l’impression d’en avoir assez vu que c’est avec ça qu’il juge »… tournure grammaticalement contestable, nous sommes d’accord, mais Descartes était mathématicien et philosophe, pas professeur de français…).

Sur les terrains que je fréquente, j’ai été confronté à de nombreux troubles du comportement (les chiens subissent, tout comme nous, le stress d’une société de contraintes qui nous enseigne que les besoins du collectif doivent primer sur ceux de l’individu). Il n’y a pas d’échec dès lors que l’homme et la bête se comprennent, s’acceptent et se respectent dans leur intégrité physique et morale.

Lorsqu’un couple est venu me demander de l’aide pour un croisé labrador présentant les signes d’une agressivité idiopathique (que j’identifierai en réalité comme une manifestation phobique) et que l’homme et la femme se sont évaporés à l’issue de la seconde séance de travail sans plus donner de nouvelles, j’ai été confronté à un échec. Je n’ai pas incriminé les propriétaires de l’animal, qui avaient – je l’espère – été cherché de l’aide ailleurs. Je me suis inquiétée de savoir ce qu’allait devenir ce chien potentiellement dangereux et sa famille, composée de deux enfants. Je me suis demandé quelle erreur de communication j’avais commise, non avec le chien mais avec les propriétaires et j’ai compris qu’un simple rendez-vous manqué était à l’origine de cette disparition soudaine.
J’évoque souvent, dans mes discussions, le contre-exemple d’un jeune épagneul qui avait été retiré à ses précédents maîtres pour maltraitance. Battu, affamé, estropié en raison d’une grave fracture d’un antérieur non soignée, il avançait sur trois pattes, totalement indifférent à son environnement et se mouvant uniquement lorsqu’on tirait sur sa laisse. Libéré de toute entrave, il restait immobile, prostré, le regard vide, sourd aux appels encourageants de sa nouvelle propriétaire, pourtant douce et enjouée. Elle avait sorti ce chien d’un refuge animalier quatre mois plus tôt et se désespérait depuis de ne voir aucun progrès malgré des séances d’éducation canine collectives hebdomadaires. Lors des séances de jeux entre chiens, il était le souffre-douleur de la meute, frustrée par son comportement autistique et donc l’absence de réponse aux signaux de communication envoyés. Sa propriétaire avait parfaitement conscience de la souffrance que traduisait l’attitude de son chien, jugé « docile », « doux » et « facile » par l’entourage. Elle réclamait de l’aide, non pour le faire obéir (pétrifié telle une statue, il ne s’éloignait ni ne revenait au rappel), mais pour le rendre « heureux »… Oui, ce genre de demande existe encore… Et tant mieux… J’ai bien entendu sorti ce chien du contexte collectif afin de l’observer dans un environnement plus serein. Je ne décrirai pas ici le contenu des séances d’observation et de travail, les stimuli utilisés dans l’espoir de créer un contact, visuel, auditif, tactile ou olfactif. Je ne les décrirai pas parce que vous me prendriez pour folle, parce qu’aucune des techniques employées n’est mentionnée dans un quelconque manuel, parce qu’à individu unique j’ai tenté des solutions uniques. Mais quelle ne fut pas la joie de sa maîtresse quand, pour la première fois, son chien a levé les yeux sur elle. Quelle ne fut pas ma propre joie quand, en arrivant à sa quatrième séance, le chien battit faiblement de la queue en me reconnaissant. Quel sentiment de plénitude – et d’orgueil, j’ose le dire – quand le chien répondit enfin à l’appel de son nom et s’avança de lui-même vers sa propriétaire accroupie.

 
Tout ça pour dire quoi ? Tout ça pour dire que rejeter continuellement la « faute » sur « l’autre », qu’il soit ou non responsable ou coupable de la situation, étouffe dans l’œuf toute possibilité d’évolution. Tout ça pour dire que vouloir changer les autres sans jamais envisager de changer soi-même est illusoire, épuisant et contre-productif. Tout ça pour dire que si vous voulez travailler sur et avec des chiens, vous devez travailler sur et avec de l’humain… à commencer par vous-même. Que vous soyez diplômé ou pas. Professionnel ou non. Que vous ayez trente ans d'expérience ou deux jours. Les théories sont précieuses : elles enseignent, à condition d'être sans cesse remises dans la balance. Mais elles sclérosent dès lors qu'elles sont conçues et intégrées comme autant de dogmes.
 
 Apprenez, contestez, appliquez, adaptez, partagez ! 
 
- Lien de Lolo 
http://lebarachien.blogspot.fr/2013/08/cynophilie-un-monde-en-manque-dhumilite.html?view=timeslide
 
 
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18/05/2014
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